Les saints céphalophores

Il existe un très grand nombre de saints, surtout des premiers siècles, qui après avoir victorieusement résisté au feu, aux bêtes, aux tortures variées et diverses finirent la tête tranchée.

Mais il y en a une catégorie particulière qui, ayant été décapités, se relevèrent, prirent leur tête entre leurs mains, et se mirent en route pour rejoindre le lieu où ils voulaient être enterrés.  On les appelle « céphalophore », qui, en grec, signifie « porteur de tête ».

Le thème n’est pas exclusivement chrétien puisque dans la mythologie grecque, la tête d'Orphée, emportée par le courant, est recueillie par des nymphes et continue de chanter même après avoir été ensevelie.



Quant aux Gaulois ils révéraient des « dieux – têtes » dont on ne sait pas grand-chose.


On retrouve dans la légende de ces saints porteurs de tête des similitudes :

--Souvent le saint a un rapport avec l’eau : passage d’une rivière, chute dans l’eau, lavage de la tête dans une fontaine …

--Ou alors le martyr doit gagner un lieu élevé, à moins qu’il ne le descende comme saint Denis qui alla de Montmartre à Saint-Denis.

--On trouve aussi la tête posée sur une pierre qui reste marquée de sang.

--Certaines têtes continuent à parler.

--Parfois une ou des femmes viennent l’ensevelir.

Le lieu, la pierre et la fontaine deviennent alors « sacralisés » et sont alors ouverts à la dévotion des pèlerins. A moins, que la légende ne rende compte, a posteriori, d’un culte préchrétien.

Compte tenu du grand nombre de ces saints céphalophores, on en recense plusieurs centaines, il  semble impossible qu’ils aient tous été des martyrs et que tous se soient promenés avec leur chef dans les mains.

L’hypothèse la plus vraisemblable est que les tombeaux de l'époque mérovingienne contenaient des corps dont la tête se trouvait déposée tantôt au milieu du corps, tantôt à ses pieds et que les cimetières contenant ces corps, dont la tête était inhabituellement disposée, devinrent des «champs de martyrs ».
   ;;;;;;;;;

Saint Frézal fait partie des saints céphalophores.

La légende dit que « l’évêque prenant sa tête coupée, la porta dans une marche prodigieuse jusqu’au lieu où son peuple, en larmes lui fit d’honorables funérailles non loin du bourg du Castroum de la Canourgue. C’est là dans un oratoire qui porte son nom et dépendant de l’ Ordre des Bénédictins, qu’il repose et qu’il y est honoré ».

Dans le cas de saint Frézal, il s’agissait de sanctifier un lieu de culte païen puisque la fontaine était déjà connue pour ses propriétés thermales depuis les Romains.


Il y a une trentaine d’année (1994), à la demande de l’ Évêché de Mende, un groupe d’experts, fut chargé d’examiner le squelette déposé dans le sarcophage de la Chapelle de Saint-Frézal, afin d’en déterminer les causes de la mort.

L’étude permit de dire que le sarcophage avait déjà été ouvert plusieurs fois.
Le carbone 14 détermina que le squelette correspondait à celui d’un homme entre 45 et 50 ans et que sa mort remontait au début du IXème siècle.
Mais si l’évêque n'avait pas été décapité, on découvrit que les os du côté gauche du crâne avaient été emportés.

Saint Denis aurait été décapité sur une colline, appelée depuis « Mons martyrium » (le mont des martyrs = Montmartre) puis il aurait marché vers le nord, sa tête sous le bras, traversant Montmartre par la rue des Martyrs.
A la fin de son périple, il donna sa tête à une noble femme romaine, puis il s'écroula.


On l'enterra à cet endroit, on y édifia une basilique et la ville de Saint -Denis s’y développa.